lundi 12 août 2013

Toulouse, Nice et Bastia. Un avertissement pour la saison.




  Le classement final de la saison dernière devrait subir quelques changements. A l’image de cette première journée, pour des raisons similaires, trois équipes devraient perdre au minimum cinq places au classement et, par conséquent, décevoir au cours de cet exercice. Il s’agit de Nice (4e), Toulouse (10e) et Bastia (12e). Si Nice et Bastia faisaient office de bonnes surprises l’an dernier, Toulouse est toujours en régression.



. Toulouse : Casanova et le mercato.

  Arrivée en 2008, Alain Casanova n’a jamais réellement convaincu au TFC. Héritant d’un groupe étoffé et prometteur, il a su lors de sa première année jouer la continuité. Ensuite, ce fut bien plus compliqué aux vues de la qualité de son effectif. Quatorzième l’année suivante, lors d’une saison catastrophique, il a ensuite maintenu son équipe en première partie de tableau (8e, 8e puis 10e). Depuis la saison dernière, il se trouve confronté à un autre problème. En effet, en six mois, l’équipe première s’est vue amputée de ses trois meilleurs éléments (Sissoko, Capoue et Tabanou).

  La politique du club d’Olivier Sadran s’est retournée contre le club. Le prix demandé pour ses joueurs a toujours été bien au dessus du marché. Du coup, le club a été obligé de lâcher l’hiver dernier Sissoko contre une bouchée de pain. Cet été, ils ont du anticiper ce nouveau facteur et laisser partir Capoue et Tabanou à des prix moins reluisants que ceux demandés l’été dernier. L’ambition sans résultats n’est jamais récompensée. Si l’on ajoute Rabiot et Djalo, souvent titulaires lors de la deuxième partie de saison, on peut voir que l’effectif a donc été grandement amoindri. Coté arrivées, le TFC est à la traine. Le prometteur Roman s’est blessé pour 6 mois lors de la préparation et hormis Trejo (ancien grand espoir argentin), Spajic laisse pour le moment l’impression de n’être qu’un remplaçant. Avec 20M d’euros perçus et des gros salaires libérés, le TFC devra recruter de joueurs clés et surtout confirmés afin d’éviter une saison de galère. Nous sommes déjà mi-aout et un mercato ne doit pas se faire dans l’urgence. Attention aux erreurs de casting.



Nice : Civelli, un départ et des questions.

  Puel a brillamment réussi son retour aux affaires l’an dernier. Avec une équipe jeune, dynamique et technique mais aussi un bloc défensif très performant, l’OGCN a effectué l’an dernier une saison remarquable. Avec seulement deux renforts (Kolodziejczak et G.Puel) et une intégration des jeunes aboutie, Puel laisse à penser que la « Wenger Politic » peut fonctionner dans notre championnat. Mais à l’image de l’alsacien, Puel n’a pu conserver un des joueurs les plus performants lors de l’exercice précédent : Renato Civelli. Capitaine et leader incontestable mental de l’équipe, son influence risque de beaucoup manquer cette saison. Et coté arrivée, si l’on met de coté le jeune Mendy (ex Monaco), c’est pour l’instant le néant. Genevois peine à confirmer la confiance que semble lui donner Puel pour la saison et Pejcinovic est déjà blessé pour un mois.

  A cela il faut ajouter les points potentiels que risquent de perdre le club avec l’Europa League cette saison le club. Le club n’a pas encore de piste en vue, de quoi inquiéter les supporters. Certes l’équipe est composée de jeunes joueurs très prometteurs mais reproduire une saison aussi complète s’annonce impossible. Cette saison s’annonce très longue pour l’OGCN. Espérons que l’arrivée du nouveau stade masquera ces carences de recrutement.



. Bastia : retour à la case départ.

  Avec une animation offensive surprenante et attractive l’an dernier, le club est en passe de perdre tous ses meilleurs éléments. Thauvin (fin de contrat), Modeste (retour de prêt) et Rothen (fin de contrat) ont plié bagage et Khazri est en instance de départ. Plus mauvaise défense de Ligue 1 la saison passée, Bastia vient de perdre l’intégralité de son attaque, et ce, sans récupérer le moindre sou. Un recrutement de joueurs libres a été effectué mais nul doute que le résultat offensif ne pourra pas être aussi performant. Keseru et Gianni Bruno auront leur chance devant. Ensuite, l’équilibre défensif sera à la charge d’anciens expatriés (Squillaci, Romaric, Modesto et Diakité). Avec un mercato défensif, le visage de Bastia est complétement modifié et le club devrait se battre pour le maintient, jusqu’au bout. Une saison compliquée pour un club avait redonné vie au football corse l’an dernier.


  La saison vient de démarrer et des indices précis sur les effectifs sont apparus. Comme tous les ans, le recrutement est une des clés de la saison d’un club. Les sept premiers de la saison 2012-13 ne devraient pas changer à une exception près. Monaco remplacera numériquement Nice. En bas du classement, Guingamp fait office de favoris pour la descente et le gruppetto devrait être constitué de Nantes, Bastia, Sochaux, Reims et Evian TG.

  Bonne saison à tous.

mercredi 7 août 2013

Saint Etienne sur le podium ?




  Cette saison devrait être pour l’ASSE la saison de la confirmation. Après une victoire en Coupe de la Ligue et une cinquième place obtenue en roue libre, Saint Etienne est devenue une des équipes les plus attrayantes et agréables à voir évoluer. Un candidat sérieux pour le podium.

  En constante progression depuis 2009, le club a su, sans bruler les étapes, franchir les paliers nécessaires afin de retrouver les sommets. En prenant la succession de Perrin, Galtier (dont il était l’adjoint pendant 4 ans, notamment à Lyon en 2008 année du doublé Coupe-Championnat), en position de reléguable à la trêve, sauva l’équipe de la relégation lors de la dernière journée. L’année suivante, année charnière dans la reconstruction de l’effectif, Saint Etienne finit 10ème puis, en 2012, 7eme. En pleine ascension malgré la cinquantaine de matchs disputés l’an dernier et un jeu reluisant pratiqué, l’équipe a terminé à la 5ème place l’an dernier tout en remportant un trophée que les supporters attendaient depuis 32 ans. C’est tout d’abord pour cette première raison que je pense Saint Etienne capable de se qualifier pour la C1.

  Face à des concurrents comme l’OM, l’OL et Monaco, Saint Etienne a sa carte à jouer, et ce, grâce au jeu. Le bloc défensif a dans un premier temps été établi. S’appuyant sur un Ruffier de niveau international, la ligne de 4, à laquelle il faut ajouter la sentinelle de leur 4-3-3, a pendant longtemps été leur principale force. Il a fallu attendre l’émergence d’Aubameyang pour qu’un premier style de jeu se dégage: les attaques rapides. Synonyme de contre attaques éclaires, ce jeu s’est renforcé l’hiver dernier avec l’arrivée de Mollo qui a su dynamiter le jeu offensif de couloir des verts. En fin de saison, ce style devenu stéréotypé de longs ballons vers Aubameyang a su évoluer grâce à un Brandao retrouvé. Leurs adversaires se livrant moins, il ont dû effectuer un réel changement plus travailler au milieu pour ainsi développer un système de possession du ballon plus approfondi. C’est d’ailleurs Brandao qui a permis au bloc d’évoluer plus haut par ses décrochages et ainsi agrandir leur palette de jeu. Ces évolutions permettent de souligner le projet mis en place par Galtier. On dit souvent que les entraineurs établissent leurs tactiques en fonctions des joueurs présents dans leur effectif mais la stabilité du projet stéphanois permet ainsi un développement technique collectif plus important.

  Cette technicité stéphanoise évolutive, est visible au niveau du recrutement. Galtier donne des axes précis de type de joueurs comme la plupart des entraineurs mais Saint Etienne ne fait plus d’erreurs. Après un mercato estival 2012 prometteur (Brandao, Clerc, Cohade, Hamouma puis Mollo et Bodmer), le club est entrain de passer la vitesse supérieure cette année avec des joueurs confirmés de Ligue 1. Si Tabanou est un renfort de poids coté gauche, Corgnet et Baysse sont des joueurs potentiellement très intéressants. Hamouma aura la lourde tache de succéder aux statistiques d’Aubameyang à droite (19 buts et 8 passes décisives), et l’anticipation tactique de Galtier lui rendra service. En effet, depuis l’hiver dernier, Aubameyang replacé coté droit a été moins performant et son départ a été bien préparé. Saint Etienne possède une « colonne vertébrale » parmi les meilleurs de notre championnat (Ruffier, Perrin, Clement, Brandao). Aussi, l’émergence des jeunes (Guilavogui, Zouma) annonce de très beaux jours du coté de Geoffroy Guichard.

  Un autre point fort du club est à mettre en avant : l’atmosphère positive. Galtier est très proche de ses joueurs. Il aime ses joueurs comme il l’a souvent déclaré publiquement et ses joueurs l’aiment en retour. Le club est dans une spirale positive. Les supporters ont pu fêter enfin un titre l’an dernier. Même si ce n’est que symbolique avec la Coupe de la Ligue, le club renoue avec son époque dorée et les supporters avancent main dans la main avec l’équipe. Un public modèle (« le Dortmund français ») pour qui les joueurs sont fiers de se sublimer. Si, à l’image de Marseille et du Paris Saint Germain, les verts ont rapporté beaucoup de points dans le « money time », ce n’est surement pas étranger à cela. Pour les supporters, la saison prochaine pourrait être enfin celle de leur revanche sur l’Olympique Lyonnais, éternel rival. En effet, eux qui étaient devenus victimes récurrentes de leurs voisins sont entrain d’inverser la tendance. En tout cas, ils n’en ont jamais été aussi proches.

  La saison 2013-14 est sur le point de commencer. Derrière le PSG, Monaco n’est pas encore indiscutable. Il reste donc deux places. Marseille a souvent été à la limite, tout comme l’OL. Saint Etienne saura, cette saison, en profiter. A suivre…

jeudi 11 juillet 2013

Xavi, la fin d'un règne.


  La saison 2012-2013 laisse derrière elle de nombreux enseignements. Dans le gotha du football mondial, le Barca, qui survol l’élite depuis 6 ans, a montré cette saison un déclin annoncé. Pour la première fois, les blaugranas ont été surclassés. Habitués à dominer techniquement et tactiquement leurs adversaires, c’est surtout physiquement que l’écart s’est imposé aux yeux du monde. Même son de cloche en équipe nationale où nous avons récemment assisté à la fin d’une domination, à la fin d’un règne. La aussi, ce sont exactement les mêmes marqueurs qui sont apparus.

  Ces deux équipes ont toujours eu la main mise grâce à leur milieu de terrain historique. Si Busquets est le garant de l’impact physique à la récupération, Xavi et Inesta, les deux milieux « architectes », étaient les acteurs principaux de la conservation du ballon et du travail de sape de l’adversaire. Telle une équipe de handball, leur justesse technique et leurs mouvements entre les lignes ont su déséquilibrer de nombreux blocs défensifs. Pour se faire, il faut une condition physique exceptionnelle. L’activité sans ballon est primordiale et c'est la multiplicité des efforts qui créent des espaces et des décalages. C’est sur ce point précis que Xavi est entrain de poser problème. Cette saison est un indice certain de son déclin inéluctable. Lui qui a accumulé un nombre de matchs rarement égalé au cours des ces dernières années commence à tirer la langue. Les petits pépins physiques apparaissent et la répétition des efforts se fait de plus en plus difficilement. A 33 ans, il est clair que ses plus beaux jours sont derrière lui. Si Inesta (29 ans) est toujours aussi impressionnant, nous avons vu que cela ne suffit plus contre une équipe comme le Bayern ou le Brésil.

  Le système de jeu en 4-3-3, « breveté » Barcelone, est utilisé par toutes les équipes espagnoles en formation. Aurait-il fallu mieux organiser la succession de Xavi ? Un joueur aussi brillant et prometteur que Thiago Alcantara aurait-il mérité plus de temps de jeu l’an dernier ? Barcelone est entrain de faire la même erreur qu’avec Fabregas. Lorsqu’il est revenu à Barcelone, son club formateur, le club a payé le prix fort tandis que Thiago avait été appelé en A (en ayant moins d’une dizaine de matchs à son actif en équipe première). Une chose est sure, si son départ annoncé du coté de Munich advenait, ce serait un gros échec pour Barcelone. Isco est au Real, Mata a prolongé à Chelsea, Il reste toujours Silva… C’est d’ailleurs à Fabregas que devrait revenir la charge. Lui, qui a souvent migré entre l’attaque et le milieu, pourrait se stabiliser en vrai relayeur. C’est la tendance. Barcelone s’étant plus concentré sur le trio offensif dans son recrutement. Avec Neymar-Messi-Pedro devant, le milieu Busquets-Fabregas-Inesta, il ne manquera plus qu’un défenseur central pour remettre Pique sur de bons rails. Un complément à l’impact physique supérieur, plus rapide aussi que Pique. Ce n’est pas pour rien que David Luiz est ciblé. Sans parler de sa coupe de cheveux, il se rapproche le plus des qualités de Puyol. Il devra tout de même gommer ses sautes de concentration. Une chose est certaine, le Barca procède toujours de la même manière. Lorsque le club est en difficulté sportivement, ils dépensent beaucoup d’argent. Ils le font une fois et ensuite font du bricolage pendant 4 ans. C’est comme ca qu’ils construisent leurs cycles.

  Il y a moins d’inquiétudes pour la Roja avec les noms cités préalablement mais on sait qu’un joueur de sa classe ne se remplace pas numériquement. Il faudra que les Mata, Silva, Isco et Thiago Alcantara élèvent sensiblement le niveau. Xavi a fini trois fois sur le podium du ballon d’or mais il n’est pas éternel. Celui qui a illuminé une époque, celui qui a été un acteur clé dans une énième révolution tactique et technique du football est proche de la sortie. Il faut sans cesse se préparer à laisser partir les joueurs que nous adorons. Demain Xavi, Lampard et Buffon s’effacerons, d’autres arriveront. C’est aussi pour ca que nous aimons tant le football. 

vendredi 5 juillet 2013

L'Equipe de France en grand danger !



  Le classement FIFA a été dévoilé hier, comme tous les mois. La France y occupe le 23ème rang, loin derrière les grandes nations du football actuel mais ce n’est pas tout. Des nations comme le Pérou, le Chili, les Etats-Unis, la Bosnie ou encore la Grèce sont désormais mieux classées que nous. Un très mauvais présage en vue de la Coupe du Monde 2014.

  Nous ne sommes pas encore au Brésil et le chemin pour y arriver présente de nombreux obstacles. Premier objectif, terminer deuxième de notre groupe. Pour cela, il faudra éviter les pièges de la Biélorussie à l’extérieur et celui de la Finlande à domicile (l’Espagne n’a pu faire mieux que match nul contre la Finlande). Si nous terminons second de notre groupe, il faut espérer qu’un des huit autres groupes possède un nombre de points inférieur au notre, ce qui devrait être le cas. Ensuite, la règle est simple. Les quatre équipes ayant le meilleur classement FIFA ne peuvent s’affronter.

  C’est ici même que le plus gros problème intervient. En effet, trois places sur quatre sont déjà pratiquement distribuées à des équipes mieux classées que la France. Dans le groupe A, la Belgique (10) et la Croatie (8) se disputent la tête. Dans le groupe F, le Portugal (7) devrait terminer derrière la Russie (17). Enfin dans le groupe G, Le ticket de jouera entre la Bosnie (14) et La Grèce (11). Il ne reste donc qu’une place pour les têtes de séries et pour l’instant, l’Angleterre (15) est en grande difficulté face au Monténégro (28) et à l’Ukraine (28). Vous l’aurez compris, si l’Angleterre termine deuxième de son groupe, le match de barrage se jouera contre une équipe redoutable. Et ce n’est pas fini ! Si l’Equipe de France se qualifie pour la Coupe du Monde l’été prochain, elle devrait théoriquement se retrouver dans le troisième chapeau…

  Autre motif d’inquiétude, le niveau de jeu proposé par l’Equipe de France. Cette saison restera, en terme de résultats, une des pires depuis 20 ans. Quatre défaites sur les cinq derniers matchs, une seule victoire contre une grande nation (en Italie), peu de buts marqués et une faible identité de jeu. Tactiquement, l’équipe a évoluée en 4-4-2, en 4-2-3-1 et en 4-3-3 avec au final, aucunes certitudes. En défense, la ligne de quatre n’a jamais été deux fois la même. Aucune charnière centrale n’a été, ou ne s’est, établie. Au milieu, hormis Matuidi, le faible rendement de Cabaye laisse désormais deux places de titulaire à prendre. Devant, Benzema et Giroud ne marquent pas ou très peu. Dans le jeu, en terme de créativité, aucun style de jeu ne se dégage. Il n’y a aucune prise de risque, les joueurs ne tentent pas grand-chose et notre secteur offensif manque d’agressivité. On a l’impression, comme sous l’ère Domenech, que la tactique est de ne pas prendre de but et d’attendre l’exploit personnel d’untel ou untel. Cependant, Ribery commence à trouver de la continuité dans ses performances, le milieu de terrain possède un atout physique très performant (Matuidi, Pogba, Capoue) et la nouvelle génération est entrain naturellement de s’intégrer. Mais c’est pour le moment trop insuffisant.

  Et pourtant les joueurs sont la, sur le papier. Lorsque l’on regarde les noms (Ribery, Benzema, Varane, Lloris, Koscielny, Sagna, Clichy, Pogba) et leurs clubs respectifs (Bayern, Real Madrid, Tottenham, Arsenal, Manchester City, Juventus), comment pouvons nous être à ce point dans le rouge ? Tout n’est pas à mettre sur le dos de Didier Deschamps. Les joueurs ont eux aussi leur part de responsabilité. Mais où en est le génération dorée 87, les Benzema, Nasri, Menez et Ben Arfa ? Ceux qui devraient être les leaders techniques de la sélection sont ils (encore) responsables de notre réel niveau de performance ?

  A force de vouloir tout le temps tout changer, la FFF et la DTN possèdent leurs torts. Les guerres en internes ont, une énième fois, redistribué les cartes. Les nouveaux dirigeants ont placés leurs hommes. Tout a, encore une fois, changé l’an dernier et aujourd’hui le constat est criant : il n’y plus aucune continuité dans l’entité Equipe de France.

  Malgré tout cela, nous continuerons à soutenir notre équipe, nous les critiquerons encore et encore, nous nous réunirons à chaque match et nous espérerons toujours. Pour l’instant espérons que le déclic ait lieu et vite. Le temps presse et les jokers n’existent plus, la faute à une trop longue période chaotique. 

dimanche 30 juin 2013

Comment recrutent les clubs de Ligue 1 ?





  Le mercato estival a lieu cette année du 11 Juin au 2 Septembre inclus. C’est lors de cette période qu’une grande partie de la saison se joue déjà. En effet, on dit qu’un bon recrutement annonce toujours une bonne saison. Décryptage d'une stratégie type d'un club de Ligue 1, en perpétuelle reconstruction, pour définir les « short lists » de joueurs ciblés.


  Avant tout, il faut comprendre comment sont organisés, en interne, la majorité des clubs français. Le directeur sportif, en corrélation avec l’entraineur, coordonne la cellule de recrutement. Certaines exceptions existent tout de même au PSG, où Leonardo effectue seul le choix des joueurs, mais aussi à Lyon où Florian Maurice ne dispose pas de « pôle recrutement ». Pour le reste de l’élite, le modèle reste quasi identique.


  Commençons par la partie hexagonale du recrutement. Lors des six premiers mois de la saison, les « scouts » sont envoyés aux quatre coins du territoire pour, à la fois, suivre les joueurs intéressants de la saison précédente mais aussi détecter les nouveaux joueurs émergeants. C'est la partie « observation ». Les clubs de Ligue 1 suivent particulièrement les matchs de Ligue 2 et du championnat National. Autre moyen de suivre les performances des joueurs de Ligue 1, les rapports de match. Afin de préparer chaque match, le staff technique étudie les prochains adversaires, leur approche tactique, leur impact physique ou bien encore leurs spécificités. Ce travail est, généralement, délégué à un recruteur par semaine (ou à un entraineur adjoint). Classés par poste, de nombreux joueurs sont suivis et jugés intéressants. Cette première ébauche permet, à la mi saison, de faire le bilan des joueurs observés.


  C’est alors que commence la seconde partie du travail de recrutement. En effet, début Février, chaque club anticipe les besoins sportifs en vue du mercato estival. Que ce soit pour renforcer l’équipe première, pour équilibrer numériquement le groupe professionnel ou bien encore palier plusieurs départs, en fonction de ses besoins, le staff met en place le programme de « supervision ». Démarre alors un tri parmi les listes de joueurs. Les joueurs sont supervisés chaque semaine et les listes se réduisent à trois ou quatre joueurs par poste. Sur des critères techniques, physiques, mentaux mais aussi financiers, une liste définitive est établie avant la fin de la saison.


  A cette liste viennent se greffer les joueurs évoluant à l’étranger. Ce travail spécifique est le fruit d’une façon totalement différente de travailler. Le premier facteur de sélection est bien évidemment le réseau. Chaque directeur sportif ou « head scout » utilise son réseau personnel d’agents, de personnes de confiance, pour connaître des joueurs potentiellement intéressants. Par ailleurs, il faut savoir qu’en période calme, une vingtaine de CV ou de DVD d’agents arrivent au pôle recrutement. Cela se développe de façon exponentielle entre Mai et Juillet.     


  Dans les deux cas, le travail de filtrage est important mais la méthode est très souvent la même. Les recruteurs regardent ses statistiques personnelles du joueur en club grâce à des bases de données privées (Scout7, Wyscout) ou publiques (Transfermarkt, SoccerAssociation). S’il passe ce premier palier, deux ou trois matchs sont regardés en DVD ou sur des logiciels online. Ensuite, si le joueur est toujours suivi, en plus de regarder une vingtaine de matchs, des déplacements de supervision sont organisés pour voir le joueur « en vrai ». Le joueur est alors décortiqué sous tous les angles en prenant compte du niveau environnant. Si le joueur passe tous ces filtres de sélection, il est alors ajouté à la liste définitive.


  Tout au long de l’année, les recruteurs sont envoyés à l’étranger. C’est le cas régulièrement dans les pays limitrophes (Belgique, Suisse), trois à quatre fois par an à moyenne distance (Suède, Norvège, Danemark, Serbie, Afrique du Nord) et une à deux fois par an en Amérique du Sud (Argentine, Brésil). Ils repèrent ainsi des joueurs à suivre pour les mois à venir. S’ajoutent à cela les compétions internationales de jeunes (U21, U19 , U19 et le Tournoi de Toulon).


  Une fois les « short listes » établies, au terme des discussions entre l’entraineur, le directeur sportif et le président, les hiérarchies de priorités sont fixés et les négociations peuvent commencer. Des négociations qui désarticulent le travail effectué pendant un an, l'arrivée de nouveaux protagonistes, les agents, qui jouent leur rôle à part entière pour défendre les biens de joueurs mais aussi leur gagne pain. La frontière entre les deux mondes est souvent beaucoup plus grande qu'on le pense. Les bras de fer s'intensifient entre tous les acteurs et la tension monte au cours du mercato. Tant que le joueur n'a pas signé, le stress est toujours palpable et le travail est sans cesse remis en question malgré la méticulosité du processus. Au sein d'un même club, le principe d'ordre interne laisse peu d'informations à ceux sur lesquels l'avenir sportif et financier dépend. C'est ce qui en fait son paradoxe. Le recruteur est souvent le dernier à qui il faut demander qui est sur le point de signer.


 Pendant presque trois mois, les journalistes spéculent, les supporters débattent entre eux et tout le monde du football s’active. C’est finalement la meilleure façon de patienter entre deux saisons. Le lien parfait entre deux histoires et, en même temps, un éternel recommencement...


  Jonathan Beilin