dimanche 30 juin 2013

Comment recrutent les clubs de Ligue 1 ?





  Le mercato estival a lieu cette année du 11 Juin au 2 Septembre inclus. C’est lors de cette période qu’une grande partie de la saison se joue déjà. En effet, on dit qu’un bon recrutement annonce toujours une bonne saison. Décryptage d'une stratégie type d'un club de Ligue 1, en perpétuelle reconstruction, pour définir les « short lists » de joueurs ciblés.


  Avant tout, il faut comprendre comment sont organisés, en interne, la majorité des clubs français. Le directeur sportif, en corrélation avec l’entraineur, coordonne la cellule de recrutement. Certaines exceptions existent tout de même au PSG, où Leonardo effectue seul le choix des joueurs, mais aussi à Lyon où Florian Maurice ne dispose pas de « pôle recrutement ». Pour le reste de l’élite, le modèle reste quasi identique.


  Commençons par la partie hexagonale du recrutement. Lors des six premiers mois de la saison, les « scouts » sont envoyés aux quatre coins du territoire pour, à la fois, suivre les joueurs intéressants de la saison précédente mais aussi détecter les nouveaux joueurs émergeants. C'est la partie « observation ». Les clubs de Ligue 1 suivent particulièrement les matchs de Ligue 2 et du championnat National. Autre moyen de suivre les performances des joueurs de Ligue 1, les rapports de match. Afin de préparer chaque match, le staff technique étudie les prochains adversaires, leur approche tactique, leur impact physique ou bien encore leurs spécificités. Ce travail est, généralement, délégué à un recruteur par semaine (ou à un entraineur adjoint). Classés par poste, de nombreux joueurs sont suivis et jugés intéressants. Cette première ébauche permet, à la mi saison, de faire le bilan des joueurs observés.


  C’est alors que commence la seconde partie du travail de recrutement. En effet, début Février, chaque club anticipe les besoins sportifs en vue du mercato estival. Que ce soit pour renforcer l’équipe première, pour équilibrer numériquement le groupe professionnel ou bien encore palier plusieurs départs, en fonction de ses besoins, le staff met en place le programme de « supervision ». Démarre alors un tri parmi les listes de joueurs. Les joueurs sont supervisés chaque semaine et les listes se réduisent à trois ou quatre joueurs par poste. Sur des critères techniques, physiques, mentaux mais aussi financiers, une liste définitive est établie avant la fin de la saison.


  A cette liste viennent se greffer les joueurs évoluant à l’étranger. Ce travail spécifique est le fruit d’une façon totalement différente de travailler. Le premier facteur de sélection est bien évidemment le réseau. Chaque directeur sportif ou « head scout » utilise son réseau personnel d’agents, de personnes de confiance, pour connaître des joueurs potentiellement intéressants. Par ailleurs, il faut savoir qu’en période calme, une vingtaine de CV ou de DVD d’agents arrivent au pôle recrutement. Cela se développe de façon exponentielle entre Mai et Juillet.     


  Dans les deux cas, le travail de filtrage est important mais la méthode est très souvent la même. Les recruteurs regardent ses statistiques personnelles du joueur en club grâce à des bases de données privées (Scout7, Wyscout) ou publiques (Transfermarkt, SoccerAssociation). S’il passe ce premier palier, deux ou trois matchs sont regardés en DVD ou sur des logiciels online. Ensuite, si le joueur est toujours suivi, en plus de regarder une vingtaine de matchs, des déplacements de supervision sont organisés pour voir le joueur « en vrai ». Le joueur est alors décortiqué sous tous les angles en prenant compte du niveau environnant. Si le joueur passe tous ces filtres de sélection, il est alors ajouté à la liste définitive.


  Tout au long de l’année, les recruteurs sont envoyés à l’étranger. C’est le cas régulièrement dans les pays limitrophes (Belgique, Suisse), trois à quatre fois par an à moyenne distance (Suède, Norvège, Danemark, Serbie, Afrique du Nord) et une à deux fois par an en Amérique du Sud (Argentine, Brésil). Ils repèrent ainsi des joueurs à suivre pour les mois à venir. S’ajoutent à cela les compétions internationales de jeunes (U21, U19 , U19 et le Tournoi de Toulon).


  Une fois les « short listes » établies, au terme des discussions entre l’entraineur, le directeur sportif et le président, les hiérarchies de priorités sont fixés et les négociations peuvent commencer. Des négociations qui désarticulent le travail effectué pendant un an, l'arrivée de nouveaux protagonistes, les agents, qui jouent leur rôle à part entière pour défendre les biens de joueurs mais aussi leur gagne pain. La frontière entre les deux mondes est souvent beaucoup plus grande qu'on le pense. Les bras de fer s'intensifient entre tous les acteurs et la tension monte au cours du mercato. Tant que le joueur n'a pas signé, le stress est toujours palpable et le travail est sans cesse remis en question malgré la méticulosité du processus. Au sein d'un même club, le principe d'ordre interne laisse peu d'informations à ceux sur lesquels l'avenir sportif et financier dépend. C'est ce qui en fait son paradoxe. Le recruteur est souvent le dernier à qui il faut demander qui est sur le point de signer.


 Pendant presque trois mois, les journalistes spéculent, les supporters débattent entre eux et tout le monde du football s’active. C’est finalement la meilleure façon de patienter entre deux saisons. Le lien parfait entre deux histoires et, en même temps, un éternel recommencement...


  Jonathan Beilin

vendredi 28 juin 2013

Brésil – Espagne, Acte I ?



  A désormais un an d’une Coupe du Monde très attendue, aussi bien sportivement que politiquement, deux sélections semblent se dégager pour le rôle de favori. L’Espagne, championne du monde en titre, et le Brésil, pays organisateur. C’est d’ailleurs dans un premier temps pour ces raisons précises qu’ils se situent actuellement légèrement au dessus des autres nations majeures dans l’optique d’une victoire finale.

  Le Brésil, qui n’a pas perdu à domicile depuis 2004, est pour cette principale statistique le favori numéro un. Le match de dimanche donnera un indice certain sur le statut de tête de série fictive numéro un l’an prochain. Tout laisse à croire que l’Espagne possède tout de même encore un avantage en terme d’effectif. En effet, ils possèdent une dizaine de joueurs de classe mondiale (Inesta, Xavi, Pique, Silva, Fabregas, Ramos, Alba, Mata, Busquet et les deux gardiens), un banc de touche capable de faire le différence dans une grande compétition et enfin une génération de jeunes joueurs (Isco, Thiago Alcantara) qui risque d’intégrer rapidement et régulièrement les A. Leur capital confiance est toujours au plus haut et ils dominent le Football mondial depuis 7 ans.

  Du coté de la seleçao, plusieurs interrogations subsistent. L’impact offensif des latéraux se transforme aussi en point faible. Qui jouera aux cotés de Thiago Silva ? David Luiz manque de sérénité, de concentration et son placement est souvent aléatoire. Dante lui n’est pas toujours propre dans ses interventions et il est en grand danger lorsque le jeu se situe dans son dos. Le poste de gardien est aussi soumis à plusieurs interrogations. Ou en sera Julio Cesar (34 ans) dans un an lui qui a été relégué avec QPR ? Entre Jefferson (Vasco) et le jeune prometteur Rafael (Santos, promis à Naples) qui pousse à la porte, rien n’est encore sur. Au milieu, Luis Gustavo et Paulinho (annoncé à Tottenham) n’ont pas encore atteint le top niveau international. Neymar, Thiago Silva, Daniel Alves et Marcelo peuvent tout de même être les leaders d’une équipe pleine de promesses dans le jeu. Un jeu technique, basé sur la possession et le travail offensif dans les petits espaces, qui est sans rappelé ce qui a mis sur le toit du monde la sélection espagnole.

  Derrière, l’Argentine aura l’avantage de laisser une pression énorme aux deux favoris. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils pourraient remporter un trophée qu’ils attendent depuis 1986. Malgré une puissance offensive exceptionnelle, ils affichent cependant des carences défensives en terme de joueurs de très haut niveau (Zabaleta, Garay, Colocinni, Otamendi, Rojo et Fernandez). Il devraient être au rendez vous c’est une certitude.

  L’Allemagne, elle, aura du mal à faire face aux équipes qui entretiennent une philosophie de possession du ballon et face à des gabarits vifs et techniques type Espagnols, Argentins et Brésiliens. Mais nul doute que leur impact physique et leur rigueur essentielle seront des atouts pour ne pas décevoir leurs supporters.

  Ensuite, du coté des outsiders, les équipes à éviter seront comme toujours les loups Italiens et Uruguayens. Deux équipes très compliquées à jouer, au mental fort et qui ont l’habitude de souffrir. Leurs lignes de défense très basses et l’implication défensive de leurs attaquants sont des poisons pour leurs adversaires. De plus, ils possèdent des avants centre d’exception ne nécessitant qu’un ou deux ballons pour faire la différence. On l’a encore vu cette semaine, autant pour l’Espagne que pour le Brésil, ils sont capables de poser des problèmes tactiques aux meilleurs.

  Enfin, la surprise. Il y en a toujours une. L’an prochain, ce pourrait être la Belgique. Un onze constitué de joueurs évoluant dans les plus grands clubs et les meilleurs championnats, des résultats récents qui laissent à penser qu’ils ne feront pas de complexes. Kompany, Hazard en tête de file sont déjà des joueurs fantastiques. Fellaini, Vertonghen, Witsel, Dembele et Courtois sont proches du très, très, haut niveau. Ils possèdent maintenant avec Lukaku et Benteke les deux pointes qui leur faisaient défaut.

  Vous l’aurez compris le match de dimanche n’est pas anodin. Le monde du Football attend avec impatience ce rendez vous. Simple répétition ? Passage de témoin annoncé ? A eux de voir…

  Jonathan Beilin